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Man tötet Boliviens Demokratie

Gastkommentar: Die politischen Führer der EU sollten Evo Morales nicht im Stich lassen

Von Danielle Mitterrand *

Europa hat es lernen müssen und bitter dafür bezahlt: Die Demokratie muss lebendig sein, sie muss immer neu erfunden werden. Und man muss sie verteidigen, in unseren demokratischen Ländern wie im Rest der Welt. Keine Demokratie bildet eine Insel. Die Demokratien sollten einander helfen. Daher wende ich mich an unsere politischen Führer wie an unsere großen Presseorgane: Die junge bolivianische Demokratie schwebt in tödlicher Gefahr.

2005 wurden dort ein Präsident und seine Regierung mit mehr als 53 Prozent der Stimmen gewählt, und dass obwohl ein Großteil ihrer potenziellen indigenen Wähler nicht auf den Wahllisten stehen, da sie nicht einmal über einen zivilen Status verfügen. Die politische Orientierung dieser Regierung war noch vor dem Votum in einem Referendum deutlich bestätigt worden - vor allem die Nationalisierung der natürlichen Reichtümer, um sie besser zu verteilen sowie die Einberufung einer Verfassunggebenden Versammlung.

Warum ist eine neue Verfassung unabdingbar? Aus dem einfachen Grund, dass die alte Konstitution aus dem Jahr 1967 datiert, aus einer Epoche, in der in Lateinamerika die indigene Bevölkerung (die in Bolivien 75 Prozent der Einwohner stellt) vollständig von jeder Staatsbürgerschaft ausgeschlossen war. Die Arbeit der Verfassunggebenden Versammlung ist von Anfang an durch die Manöver der alten Oligarchien behindert worden, die es nicht ertragen, ihre ökonomischen und politischen Privilegien zu verlieren. Die Opposition treibt den Zynismus so weit, dass sie ihre Weigerung, das Urteil der Urnen anzuerkennen als Verteidigung der Demokratie verkleidet. Sie reagiert mit Boykott, Aggressionen auf den Straßen und der Einschüchterung von Abgeordneten.

Um ein sorgfältig orchestriertes Chaos zu schaffen, lassen die reichsten Provinzen ihre separatistischen Drohungen wieder aufleben. Sie verweigern sich dem demokratischen Spiel und wollen nicht "für die armen Regionen zahlen". Neofaschistische Gruppen und paramilitärische Banden, subventioniert vom Großbürgertum und gewissen ausländischen Interessen, erzeugen ein Klima der Angst in den indigenen Gemeinschaften. Erinnern wir uns, was aus Kolumbien und Guatemala geworden ist. Erinnern wir uns vor allem an die chilenische Demokratie, die am 11. September 1973 nach einem identischen Destabilisierungsprozess ermordet worden ist. Man kann eine Demokratie auch durch Desinformation töten. Nein, Evo Morales ist kein Diktator. Nein, er ist nicht der Kopf eines Kokain-Dealer-Syndikats. Diese Karikaturen werden bei uns ohne die geringste Objektivität vermittelt, als ob das Eindringen eines indigenen Präsidenten und die zunehmende Macht von indigenen Bürgern und Wählern nicht nur für die lateinamerikanischen Oligarchen unerträglich wären, sondern auch für die angepasste westliche Presse. Als wolle er die organisierte Lüge noch weiter dementieren, ruft Evo Morales zum Dialog auf, weigert sich, die Armee einzusetzen und wirft selbst sein Mandat in die Waagschale.

Ich appelliere feierlich an die Verteidiger der Demokratie, an unsere politischen Führer, an unsere Intellektuellen, an unsere Medien. Werden wir darauf warten, dass Evo Morales das Los Salvador Allendes erfährt, um dann das Los der bolivianischen Demokratie zu beweinen? Die Demokratie gilt für alle oder für keinen. Wenn wir sie bei uns lieben, müssen wir sie überall dort verteidigen, wo sie bedroht ist. Es steht uns nicht zu - wie gewisse Leute arrogant behaupten - die Demokratie bei anderen mit Waffengewalt einzuführen. Dagegen steht es uns zu, sie bei uns mit aller Kraft unserer Überzeugungen zu schützen und an der Seite derer zu stehen, die sie bei sich eingeführt haben.

Präsidentin der Organisation France Libertés; aus dem Französischen von Steffen Vogel

* Aus: Wochenzeitung "Freitag" 03, 18. Januar 2008


En Bolivie, la démocratie en péril

par Danielle Mitterrand **

Comme l'Europe l'a appris cruellement à ses dépens, la démocratie a sans cesse besoin d'être vécue, réinventée, défendue aussi bien à l'intérieur de nos pays démocratiques que dans le reste du monde. Aucune démocratie n'est une île. Les démocraties se doivent mutuellement assistance. Aujourd'hui, j'en appelle donc à nos dirigeants et à nos grands organes de presse : oui, je l'affirme, la jeune démocratie bolivienne court un mortel danger.

En 2005, un président et son gouvernement sont largement élus par plus de 60 % des électeurs, alors même qu'une grande partie de leurs électeurs potentiels, indigènes, ne sont pas inscrits sur les listes électorales, car ils n'ont même pas d'état civil.

Les grandes orientations politiques de ce gouvernement ont été approuvées massivement par référendum avant même cette élection, et notamment la nationalisation des richesses naturelles pour une meilleure redistribution et la convocation d'une Assemblée constituante.

Pourquoi une nouvelle Constitution est-elle indispensable ? Pour la raison bien simple que l'ancienne Constitution date de 1967, une époque où, en Amérique latine, les populations indigènes - qui représentent en Bolivie 75 % de la population - étaient totalement exclues de toute citoyenneté.

Les travaux de l'Assemblée constituante bolivienne ont été depuis les origines constamment entravés par les manoeuvres et le boycottage des anciennes oligarchies, qui ne supportent pas de perdre leurs privilèges économiques et politiques. L'opposition minoritaire pousse le cynisme jusqu'à travestir son refus de la sanction des urnes avec le masque de la défense de la démocratie. Elle réagit par le boycottage, les agressions dans la rue, l'intimidation des élus, dans le droit-fil des massacres perpétrés sur des civils désarmés par l'ancien président Sanchez de Lozada en 2003, lequel est d'ailleurs toujours poursuivi pour ces crimes et réfugié aux Etats-Unis.

A la faveur d'un chaos soigneusement orchestré renaissent les menaces séparatistes des provinces les plus riches, qui refusent le jeu démocratique et ne veulent pas "payer pour les régions pauvres".

Des groupes d'activistes néofascistes et des bandes paramilitaires subventionnées par la grande bourgeoisie et certains intérêts étrangers installent un climat de peur dans les communautés indigènes. Rappelons-nous ce que sont devenus la Colombie et le Guatemala, rappelons-nous surtout la démocratie chilienne, assassinée le 11 septembre 1973 après un processus identique de déstabilisation.

On peut tuer une démocratie aussi par la désinformation. Non, Evo Morales n'est pas un dictateur. Non, il n'est pas à la tête d'un syndicat de trafiquants de cocaïne. Ces images caricaturales sont véhiculées chez nous sans la moindre objectivité, comme si l'intrusion d'un président indigène et la montée en puissance de citoyens électeurs indigènes étaient insupportables, non seulement aux oligarchies latino-américaines, mais aussi à la presse bien pensante occidentale.

Comme pour démentir encore plus le mensonge organisé, Evo Morales appelle au dialogue, refuse d'envoyer l'armée et met même son mandat dans la balance.

J'en appelle solennellement aux défenseurs de la démocratie, à nos dirigeants, à nos intellectuels, à nos médias. Attendrons-nous qu'Evo Morales connaisse le sort de Salvador Allende pour pleurer sur le sort de la démocratie bolivienne ?

La démocratie est valable pour tous ou pour personne. Si nous la chérissons chez nous, nous devons la défendre partout où elle est menacée. Il ne nous revient pas, comme certains le prétendent avec arrogance, d'aller l'installer chez les autres par la force des armes ; en revanche, il nous revient de la protéger chez nous avec toute la force de notre conviction et d'être aux côtés de ceux qui l'ont installée chez eux.

* Danielle Mitterrand est présidente de France Libertés.

Le Monde, 22.12.2007



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